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Le Relecq-Kerhuon : passage à niveau 306 de Kerscao, une copie à revoir.

Depuis plusieurs dizaines d’années au Relecq-Kerhuon, une réflexion est en cours pour supprimer le passage à niveau 306 barrant la route de Kerscao à proximité du croisement avec le Boulevard Charles de Gaulle.

La solution envisagée menace une zone de verdure le long du ruisseau de Coatmez, dénommée La coulée verte. Une association écologiste récemment créée s’oppose à ce projet.

 

En 2014 le journal Ouest-France écrivait : « Depuis une trentaine d'années, les maires successifs du Relecq-Kerhuon se sont battus pour obtenir la suppression de ce passage à niveau dangereux, surtout qu'autour, la zone commerciale s'est développée ». D’après l’opposition municipale (de droite), et Ouest-France le 17 mars 2011, la demande de suppression du passage à niveau est plus récente : « Jugé dangereux après une série d'accidents, sa suppression est envisagée depuis 1994 ».

En février 2011, le Télégramme de Brest faisait un point sur l’affaire : « c'est un gros point noir qui devrait s'effacer du réseau routier de la communauté urbaine brestoise. Depuis des années, le passage à niveau situé à l'entrée du Relecq-Kerhuon, coincé entre l'hypermarché E.Leclerc et les entrepôts de la Scarmor, pose problème. Les accidents, parfois dramatiques, y sont fréquents, souvent à cause des automobilistes eux-mêmes qui font peu de cas de la batterie de feux situé en amont du passage. Mais le dossier a traîné, principalement pour cause du coût qu'entraînaient les modifications ». « Élu en 2008, le nouveau maire, Yohann Nédélec a pris le taureau par les cornes et en a fait l'une des priorités de son mandat ».

Une première solution a consisté en la mise en place, en décembre 2011, d’un radar flashant ceux qui grillent le feu rouge en amont du passage à niveau.

En novembre et décembre 2015, la population a été consultée sur un projet. Celui-ci consiste en « le dévoiement de la route de Kerscao par la création d’une voie nouvelle entre la rue Jean Fourastié et le boulevard Charles de Gaulle avec la création d’un pont-rails, à l’Est des établissements Scarmor, doublé d’un passage inférieur (piétons/cycles) au droit du passage à niveau existant ». Cette solution est celle prévue depuis septembre 2011, conformément aux conclusions d’un groupe de travail ayant rassemblé « notamment Réseau Ferré de France (RFF), la commune du Relecq-Kerhuon et Brest métropole océane … sous l’égide du Sous-Préfet de Brest » (conseil municipal du 25/09/2014).

Le projet achoppait essentiellement sur la question du financement. Le passage à niveau n’était pas « préoccupant » suivant les critères de RFF. Le dossier a reçu les soutiens du préfet du Finistère et du sous-préfet de Brest. En septembre 2014, le conseil de métropole et le conseil municipal annonçaient la signature d’une convention répartissant le coût (HT) de 11,629 M€ entre RFF (50%), Brest Métropole (30%), la commune (20%). Le maire de Kerhuon annonçait également des discussions avec la Métropole pour réduire la participation de sa commune à 5% (500 K€ en réalité, soit un peu moins). Ce pourcentage de 5% aurait été acté « à la suite d’échanges de travail entre le maire du Relecq-Kerhuon et le président de la métropole et leurs collègues et collaborateurs ». La métropole a accepté de prendre à sa charge 15% de plus. (Conseil Municipal du 4 février 2016). 

Au bout de plusieurs années de parcours du combattant, le maire, Yohann Nedelec, écrivait en novembre dernier sur son blog au sujet de la concertation : « Annoncer cette réunion publique c'est un peu comme si j'annonçais déjà le démarrage des travaux », « voilà 6 ans que je lutte conjointement avec la métropole pour cette suppression, là où tous avaient échoués. J'en avais fait un cheval de bataille. La bataille du rail. Nous y sommes ». Mais cela c’était avant. Avant la concertation.

Le projet présenté le 13 novembre 2015 prévoit la création d’un passage sous la voie ferrée à partir du boulevard Charles de Gaulle au niveau du coin nord-est de la Scarmor et d’une route longeant la cloture de l’entreprise par l’est et le nord pour rattraper la route de Kerscao au niveau de la rue Jean Fourastié. Un accès à la Scarmor est prévu sur la nouvelle route. Ce projet longe de fort près le ruisseau de Coat Mez, met en péril la plus grande partie de l’agréable zone de verdure de la Coulée verte et est très proche des habitations. D’après le Télégramme « Nuisances sonores, pollution, dévaluation des propriétés, augmentation du trafic, coût du projet, file d'attente des camions à l'ouverture de la Scarmor, accès à ce site, etc. Les inquiétudes ont été clairement formulées ».

Le 30 janvier 2016, le maire déclarait au Télégramme « On a eu 50 réactions écrites. Il y en a trois pour, et 47 contre. Forcément, cela donne à réfléchir. Je ne suis pas dogmatique ». Un autre projet (à 3 M€ seulement) était d’emblée envisagé.  En février, un article a annoncé la poursuite de la concertation suite à un communiqué de Thomas Férec , du cabinet de Brest Métropole. Quatre scénarios sont à présent envisagés. Les options prévoyant le passage des poids lourds  par le centre et la route de Lavallot (interdit jusqu’à présent) risquent de provoquer un rejet encore plus massif que celui par la Coulée Verte.

Signe de la contestation, le 21 mai 2016 l’association loi 1901 « La coulée verte » a été déclarée en préfecture. Elle a pour objet « : protéger et défendre l'environnement et le cadre de vie des habitants du Relecq-Kerhuon contre toutes les formes d'atteinte : pollution sonore, pollution atmosphérique, pollutions des eaux, etc ; valoriser les atouts environnementaux de la commune (patrimoine architectural, culturel, industriel, naturel...), notamment par la mise oeuvre de la renaturation dans l'esprit du mouvement des « Villes en transition »; contribuer, par une politique de partenariats ou d'actions autonomes, à sensibiliser les habitants du Relecq-Kerhuon à la préservation de leur environnement en jouant le rôle de lanceur d'alerte et de prise de position dans le débat démocratique; promouvoir toutes les actions et moyens pour la prise en compte du réchauffement climatique afin d'atteindre les objectifs de la COP 21 ». Sur son blog, la première préoccupation est le contenu du projet de suppression du passage à niveau 306.

L’incertitude règne toujours quant au devenir du passage à niveau. D’un côté, après avoir finalement obtenu un financement de l’état et de la métropole, retarder le projet pourrait poser la question de la durée de sanctuarisation de ce financement s’il n’est pas utilisé. Il pourrait donc y avoir une certaine pression sur cet aspect.  De plus, il reste évidemment la hantise de l’accident. D’un autre côté, même après tant d’années, toute précipitation serait regrettable.

Lors d’une réunion le 24 juin dernier, l’association « La Coulée Verte » a rappelé que des tractations étaient en cours pour un départ de la Scarmor (centrale d’achat de Leclerc) vers la zone industrielle de Lanvian à Guipavas. En septembre 2013, Fabrice Huret, vice-président de BMO, en charge de l'économie, déclarait à son sujet « Cette zone verra s'implanter des entreprises de logistique. D'autre comme la Scarmor, se disent intéressées car cette zone est proche de la voie express. Il n'existe pas de calendrier pour l'instant, mais les études sont en cours ».  Les deux derniers problèmes rencontrés au passage à niveau sont liés à l’activité de cette entreprise : une collision entre un TER et une remorque de camion le 31 décembre 2015. Un accident évité de peu dans la nuit du 10 au 11 février dans le cadre du blocage de la Scarmor par des agriculteurs en colère. Dans les quatre nouveaux scénarios, la Scarmor est une contrainte, à tel point que l’on peut se demander si  le problème c’est le passage à niveau ou la Scarmor.

Avant de gâcher définitivement le cadre de vie de nombreux habitants, de sacrifier une zone naturelle et de dépenser des millions d’euros, il convient donc de s’assurer du devenir de cette entreprise. Si les travaux se font et qu’elle part dans les prochaines années, ce sera un immense gâchis. Sur le plan financier, le projet initial se traduit par des dépenses d’investissement conséquentes. La métropole devrait payer 5,2 millions (soit presque 7,5% du budget d’investissement 2016). 500K€ seraient à charge de la commune. C’est beaucoup pour un budget d’investissement annuel d’environ 4,5 M€.  Si ce genre d’infrastructure ne semble pas du niveau communal, cette contribution apparaît pourtant comme normale. Le problème vient en partie d’avoir développé une zone d’activité autour d’un passage à niveau qui posait problème depuis longtemps (même si c’est sans doute dû à la précédente majorité).

Avec ses barrières, ses feux et son radar flash, le passage à niveau 306 n’est surement pas un des plus préoccupants de France, notamment pour les véhicules légers. Il a fallu l’influence d’un ancien sous-préfet pour que RFF le considère comme tel. Les millions à sa charge seraient probablement mieux employés sur les milliers de passages sans barrières en France. Il serait possible de tirer les leçons du dernier accident en éloignant le passage piéton au niveau duquel un chauffeur de camion s’est arrêté alors que sa remorque était encore sur la voie. Pour le cas de février, un cortège de tracteurs d’agriculteurs en colère venant bloquer la Scarmor ne rentre peut être pas dans le cadre de l’utilisation conforme du passage à niveau. Peut-être pourra-t-on un jour améliorer encore le passage à niveau par la mise en place d'un système de détection dont l'étude était annoncée en 2014.

En changeant d’angle de vue, on pourrait avoir l’impression que, sous couvert de sécurité ferroviaire, la municipalité du Relecq-Kerhuon fait financer par RFF et la métropole une infrastructure offrant de meilleures conditions à la Scarmor et tendant à faire en sorte que celle-ci ne parte pas dans la commune voisine de Guipavas, avec laquelle semble régner une certaine rivalité. Cela se ferait au détriment du cadre de vie des habitants et de l’environnement, et au bénéfice d'usagers de passage, ne vivant pas là. D’un point de vue métropolitain favoriser ce départ vers une zone mieux située pourrait être une solution meilleure et moins chère. La dernière communication sur le sujet ne venait plus de la commune mais du cabinet de Brest Métropole. L’avenir dira si la prise en charge à ce niveau s'avère bénéfique.

 

 

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